Tant de choses à te dire et pourtant, il est temps de se taire
Depuis plusieurs jours, je maintiens un silence frénétique, un mutisme acharné et forcé.
Je vois bien que tu n'as pas l'air de comprendre. Tu te dis que c'est une passade, que je dois encore broyer du noir et que ce n'est qu'une question de temps avant que ton absence m'étouffe. Je crains pourtant que cette situation perdure car c'est la seule chose intelligente à faire arrivé au point où nous en sommes.
Pourquoi?
Comme nous en avons l'habitude, je te propose une chanson qui parlera à ma place :
Charles Aznavour - Il faut savoir (Live 1972)
Bien que les dépressifs Arméniens n'aient jamais été ma tasse de thé, je dois reconnaitre que cette fois, Mr Aznavour semble relater cet instant bien particulier de notre éphémère présent. Hier sa chason ne m'aurait pas parlé et aujourd'hui, elle m'aveugle de son évidence, m'ouvre les yeux comme seul un ami d'enfance pourrait le faire, m'assénant ces vérités que je ne voulais entendre mais que je devais pourtant affronter.
A son écoute, j'ai compris mon comportement de ces derniers jours. Compris qu'intuitivement, j'avais fait le premier pas sur le chemin unique qui s'offrait à moi. A son écoute, j'ai été frappé par cette certitude que notre relation était morte et ce, probablement depuis un bon moment déjà. A son écoute, j'ai pris de plein fouet la banale réalité : l'amour que je ressens est à sens unique et n'éveille en toi qu'un souvenir rassurant et réconfortant. Il était temps que j'ouvre les yeux et laisse les dernières volutes de ce doux rêve s'effilocher.
La réalité est probablement plus dure que ce que j'imaginais pouvoir supporter mais elle est la seule qui m'est offerte. Je dois avancer, je dois tourner la page et t'oublier, aussi laborieux que cela puisse sembler.
Change ce que tu ne peux accepter, accepte ce que tu ne peux changer dit le sage. J'ai lutté tant et plus pour changer ce qui nous éloignait. Tu le sais, j'étais prêt à tant de sacrifices. Je ne demandais qu'à prendre ces risques dont les conséquences eussent été aussi dramatiques que ton sourire est ensorcelant.
Mais cette fois j'ai compris. Compris que si ce que j'éprouvais avait été partagé, aucun obstacle n'aurait pu nous résister ni aucune distance nous éloigner.
Insister dans mes attentes n'aurait créé que frustrations, énervements et déceptions. Sentiments qui auraient macérés dans ma tristesse et ma solutide pour fermenter en une rancoeur au goût détestable, source d'une ivresse n'ayant rien à voir avec celle que je rêvais de partager avec toi.
Tu me manqueras plus que je ne pourrai te l'écrire, que je ne pourrais te l'exprimer ni même, probablement, me l'imaginer.
Je te souhaite le meilleur bien que je reste persuadé que personne ne pourra t'offrir autant d'affection, d'amour et de tendresse que le raz de marée qui envahit mon coeur à chaque fois que je te vois ou t'entends. Tu es exceptionnelle et ma vie va désormais être grise et froide, comme un brouillard londonien un soir d'automne. Adieu ma douce. Sois heureuse.